Interview de Jean-François Hoffelt
Au départ vous étiez deux sociétés. L'Association du Logement Social et la Fédération des sociétés coopératives de logement à Bruxelles. Maintenant, vous n’en formez plus qu’une seule; Social Housing Brussels. Comment a eu lieu cette création ? Comment cela s’est décidé ? D’où vient cette décision ?
D’abord je parlerais de deux fédérations d’entreprises plutôt que de deux sociétés. En effet, bien qu’existant avant les secondes et troisièmes réformes de l ’Etat et des transferts de compétences-dont celles du logement -aux Régions, tant l’ALS que la Fésocolab avaient pour vocation de représenter, promouvoir et défendre les intérêts de leurs membres ; à savoir des SISP dont l’actionnariat est public (villes, communes, CPAS, …) d’une part et celles dont l’actionnariat est coopératif, d’autre part.
Outre cette particularité qui fait référence à leur ADN historique et d’une certaine façon, à leur culture d’entreprise, bon nombre de points relatifs à leur cœur de métiers étaient et restent toujours de mise à l’heure actuelle.
J’entends ici et à titre d’exemples, la gestion locative, la construction et la rénovation de patrimoine, les contrats de gestion avec la SLRB, le respect des obligations légales et surtout des missions d’intérêt général et des finalités non lucratives.
Bref, davantage de points de convergence que de divergences.
Et si un attachement historique et une vision conservatrice ou corporatiste, selon certains, voir politique selon d’autres, avaient par le passé fait échouer plusieurs tentatives de rapprochement, les réflexions entamées il y a quelques années dans le cadre d’un repositionnement stratégique de l’ALS ont très certainement redonné du sens à ce scénario.
Rien d’étonnant dès lors qu’une des conclusions mises en évidence à l’issue de ce processus soulignait précisément l’importance de créer une fédération professionnelle et sectorielle unique représentant les 16 SISP actives sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale.
Au cours de l’année 2022, un comité composé de représentants des deux fédérations a été mis en place afin d’établir un protocole d’accord sur la dimension politique de la future fédération suivi d’un comité d’accompagnement destiné à se pencher sur les aspects légaux et organisationnels avant la constitution de l’association qui a eu lieu en décembre 2023 et qui est désormais opérationnelle
depuis le 1 er janvier 2024.
Quelle est la plus-value de n’être qu’une seule société ?
Tout d’abord, la création de Social Housing Brussels, née du rapprochement des deux fédérations existantes, répondait à un souhait de clarification et de rationalisation du cadre institutionnel existant au niveau du secteur.
Tant la SLRB que le Cabinet de la Secrétaire d’Etat se sont manifestés auprès de nous pour encourager cette dynamique.
Ensuite, il était important, pour une fédération professionnelle et sectorielle de rassembler en son sein l’ensemble des 16 SISP actives sur la Région de façon à conforter sa représentativité.
Désormais, Social Housing Brussels est le porte-parole unique des SISP dans le cadre de la concertation tant institutionnelle que sociale et cela dans les différents organes ou celle-ci se réalise.
Qu’il s’agisse de nos relations avec le Cabinet ou la SLRB mais aussi dans d’autres cénacles tels que le SPF Emploi et concertation sociale au travers des Commissions Paritaires 339 et 339. 03, du CCL, etc..
il est fondamental que les prises de position et le plaidoyer au sens large de la fédération soient exprimés à l’unisson pour en maximiser l’assise et en assurer la cohérence d’ensemble.
Cela peut paraître simple de prime abord mais l’exercice est plus compliqué car avant d’arriver à présenter une position officielle, il faut se concerter et mettre en place les processus d’adhésion adéquats pour y arriver, surtout dans l’urgence.
Cela demande pas mal de diplomatie, d’agilité, de souplesse et d’expertise au regard parfois très complexe des dossiers à traiter.
Par ailleurs, il est important de préciser également que Social Housing Brussels n’est pas amenée à s’immiscer dans la gestion interne de ses membres ni à se substituer de quelque manière que ce soit à la tutelle exercée par la SLRB.
Dans la mesure où nos valeurs sont celle du professionnalisme, du respect et de l’écoute mutuels nous mettons plus que jamais en évidence la co-construction et l’intelligence collective au cœur de nos actions.
De ce point de vue, les relations de confiance entre les membres de la fédération et singulièrement entre les DG des SISP et leurs équipes combinées avec celles de du staff opérationnel sont évidemment le meilleur gage d’efficacité.
Quelles ont été les difficultés rencontrées également dans cette fusion ?
Encore une fois, je préfère parler de rapprochement plutôt que de fusion car en termes juridiques, Social Housing Brussels est une nouvelle entité issue de la scission de l’ALS et d’autre part d’un apport « ut singuli » du côté de la Fésocolab.
Au niveau de la scission de l’ALS, nous avons dû préparer et convaincre les représentants du pôle logement et du pôle crédit social réunis au sein du même conseil d’administration de l’ALS de choisir des modes futurs plus appropriés de représentation mais cela n’a pas généré de tensions ou de problèmes particuliers.
Je dirais donc que les principales difficultés rencontrées sont assez similaires à celles qu’ont rencontré, toutes proportions gardées, les SISP qui ont opté jadis pour une restructuration sur base d’apports partiel d’actifs.
Dans ce cas, au départ d’un nouveau numéro d’entreprise il faut solliciter de nouveaux agréments auprès de l’ensemble des parties prenantes (ONSS, SPF, prestataires de services, etc …) et j’en passe qui nécessitent de très nombreuses et chronophages démarches administratives.
Pour le reste, bien avant la création de SHBxl, tous les directeurs des SISP s’inscrivaient déjà dans cette démarche puisque nous coordonnions déjà, au travers de réunions communes nos positions au sein du CRC et à partir de 2023, tous les mois, nous tenions une réunion d’instances associant l’ensemble des dirigeants des deux fédérations.
Par ailleurs, au niveau opérationnel, le fait que j’étais déjà en tant que directeur de l’ALS invité au CA de la Fésocolab ainsi que ma collègue Isabelle Quoilin au Comité plénier de la section Construbru de l’ALS, a grandement facilité les choses et nous avons pu ainsi nous accorder rapidement sur le fonctionnement de la nouvelle fédération.
Quelles sont les perspectives pour Social Housing Brussels ?
Vaste question que celle-là. A ce stade, en partant d’une optique de court terme, nous allons surtout nous concentrer sur notre memorandum en vue des prochaines élections régionales de juin et la co-construction des différents chantiers stratégiques (financement, artemis, action sociale, nouveaux modes d’attribution et transformation digitale) lancés par la SLRB.
Je ne saurais trop insister à cet égard sur l’importance de nos réunions mensuelles autour des dossiers sectoriels pour échanger, se soutenir mutuellement et adopter un comportement constructif basé sur le professionnalisme et la prise en compte des difficultés propres aux SISP.
Ainsi, cette année, nous poursuivrons l’étoffement de nos modes de fonctionnement au sein de la nouvelle fédération notamment en rassemblant avec nos membres et au sein d’un réseau commun les fonctions-métiers dans le but de mutualiser davantage les retours d’expériences et les échanges de bonnes pratiques.
Une réflexion sur une politique plus intégrée en matière de communication fera également l’objet d’une prochaine étape inscrite dans le cadre de notre repositionnement et développement
stratégique.
Enfin nous poursuivrons également nos actions en matière de formations, d’organisations de rencontres et d’événements de même que les missions dévolues à SHB dans le cadre de la convention cadastre technique.